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CHAPITRE IX

L’Imagerie spontanée et l’Imagerie volontaire


Galton, l’anthropologiste anglais, a écrit un livre de psychologie : Inquiries into Human Faculties, qui sera toujours consulté pour l’étude de l’idéation ; ce livre n’a pas l’aspect brillant d’une étude synthétique, c’est une série d’observations, de valeur inégale, sur des questions très particulières ; quelques-unes sont insignifiantes, d’autres ont la plus haute valeur.

Ainsi, à propos du pouvoir de l’imagination, Galton a signalé comme en passant ce fait que certaines personnes sont capables de modifier à leur gré leurs images mentales, tandis que d’autres personnes n’ont pas ce pouvoir.

Il cite quelques exemples curieux de ce pouvoir de l’imagination, mais n’insiste pas. Il n’a point vu toutes les conséquences de la question. C’est pour lui une particularité de l’imagination, comme, par exemple, l’audition colorée ou les schèmes visuels qu’il a été le premier à signaler à l’attention des psychologues. Moi-même, en reprenant son idée, j’ignorais combien elle était féconde, et je ne me rends pas du tout compte pour quelle raison je l’ai reprise, car je ne trouve rien dans les documents que j’ai recueillis jusqu’ici chez mes deux jeunes filles qui m’indiquât qu’elles ont un pouvoir différent de l’imagination. C’est une curieuse leçon pour nous. On peut, pendant une année, analyser assidument la structure d’un esprit sans s’apercevoir d’une propriété mentale de prime importance, que