Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où ce lieu est représenté ; l’idée est générale, relativement au temps.

La réponse de Marguerite à la même question est un peu différente : « J’ai pensé d’abord à une photographie que nous avons, qui représente le jardin couvert de neige. Puis j’ai vu la neige qui tombe… en général… ce n’était pas très net… — D. Qu’entends-tu par en général ? — R. Ce n’est pas un jour que j’ai remarqué. J’ai en outre l’image de M. P… (un voisin) qui revenait du train… il n’avait pas de parapluie, il était tout blanc de neige par devant. Il y avait du vent qui soufflait de par là. — D. Quelle est la vision la plus nette des deux ? — R. Oh ! M. P… ! 16 à 18, tandis que l’autre, 3 ou 4[1]. — D. À quoi t’aperçois-tu que l’une est un souvenir et que l’autre n’en est pas un ? D’abord dis-moi, t’attends-tu à une vision générale, puis à une vision particulière ? — R. Je ne sais pas reconnaître si c’est volontaire ou involontaire… Je ne me suis pas dit d’avance : je vais faire une pensée générale. D. Alors quand elle se produit, à quoi reconnais-tu qu’elle est générale ou particulière ? — R. L’image de la neige est générale, parce qu’il n’y a rien qui correspond, qui se rattache, et qui donne une idée précise. »

La représentation générale de Marguerite est moins nette, dit-elle, qu’une représentation particulière ; elle n’est pas cherchée, et sur ce point elle diffère de celle d’Armande, quoique ce ne soit pas certain ; reste la question de savoir pourquoi cette image est générale ; il semblerait que c’est parce que cette image est capable de représenter n’importe quel jour, ou tous les jours de l’hiver, car elle ne renferme pas de détails particuliers à un jour spécial.

Je dis : Les statues. Marguerite répond : « Je crois

  1. Ce sont des cotes analogues à celles données dans le précédent chapitre.