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très rapidement. » Une cote 2 pour un souvenir aussi récent est assez bizarre. « Luc ? (personne avec qui nous demeurons) — R. 6. Je la vois de profil, je ne la vois pas dans une occupation particulière. » « La caverne des Brigands ? (site visité quelques jours auparavant.) — R. Je vois l’entrée, un trou noir, 5. » — « Jon ? (un ami qui nous a rendu visite quelques jours avant) — R. Je me souviens, quand il est venu ici, que tu avais fait sa photographie. 8. »

Voyons maintenant des souvenirs plus anciens,

« Paris (qu’on a quitté depuis deux mois) ? — R. Oh ! je me représente Paris, comme quand nous venons de S…; ce va-et-vient paraît singulier quand on est resté longtemps sans le voir, 9. » Ainsi cette cote d’un souvenir ancien déjà est plus élevée que celle d’un ami qu’on a vu quelques jours avant. Dernier exemple. « Napoléon ? — R. J’ai vu le Bois de Boulogne, au champ de course, nous avions essayé de nettoyer un sou pour le rendre brillant. Assez net, 9. »

Je cite, pour terminer, deux images fictives ; elles sont très faibles toutes deux. « Une petite fille cueillant des coquelicots ? — R. Je ne vois cela qu’en gravure, ça change continuellement. 3. » « Une tempête de grêle ? — R. 1. Oh ! ça, c’est très vague. Une journée qu’il grêlait. »

Il n’y a pas arbitraire absolu dans la cote de ces images ; les images de fantaisie, les souvenirs de lecture sont certainement plus faibles que les images de souvenirs de la vie réelle ; mais, pour ceux-ci, je ne trouve point comme chez Marguerite, une proportion entre l’éclat du souvenir et sa nouveauté. Il n’y a rien de régulier. La régularité manque souvent dans la psychologie d’Armande, et il est fort difficile d’expliquer pourquoi.


II

Dans le paragraphe précédent, nous sommes restés sur l’impression d’ensemble que donnent les images. Nous