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CHAPITRE VII

Quelques caractères de l’Imagerie visuelle.


I

Dans le chapitre précédent, nous avons surtout étudié les relations de l’image et de la pensée ; changeant de point de vue, nous examinons maintenant l’image en elle-même, nous l’isolons par l’analyse de tout ce qui n’est pas elle, et nous cherchons à déterminer ses caractères propres, sa substance en quelque sorte, en nous occupant spécialement des images visuelles.

Il y a deux manières de juger une image : la première manière, la plus usitée, consiste à rechercher si l’image est nette, si elle est intense, si elle a de la vigueur, de l’énergie, du ton, de la vivacité, de la force. Hume, dans sa psychologie très simpliste, a fait un abus de ces expressions ; c’est par la vivacité des images qu’il distinguait conception et croyance, et qu’il distinguait aussi mémoire et imagination. On a souvent remarqué qu’on ignore ce que ces expressions signifient au juste. Il s’agit d’une impression d’ensemble, pour laquelle on ne cherche pas autre chose qu’un jugement en bloc. Une seconde manière de juger l’image consiste à l’analyser, en forçant le sujet à la décrire en détail : c’est une méthode qui est employée beaucoup moins souvent.

J’adopterai d’abord le premier de ces points de vue ; je