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pendant des états extrêmes d’anémie et d’hyperémie. Il a calculé la moyenne de durée pour ces deux genres de réaction et n’a pas trouvé de grande différence. Ainsi, 128 réactions ont été faites en concordance avec le volume cérébral maximum ; le temps moyen a été de 332 millièmes de seconde ; 116 réactions ont coïncidé avec le volume cérébral minimum ; le temps moyen a été de 345 millièmes de seconde. Une différence de 13 millièmes de seconde n’a aucune importance et ne signifie rien. Ces recherches démontrent donc encore une fois que dans les limites des conditions normales les changements de quantité de sang en circulation dans le cerveau ont moins d’influence qu’on ne l’avait supposé sur les phénomènes psychiques.

Telles sont à peu près, si nous ne nous trompons, les notions acquises aujourd’hui sur les changements de volume du cerveau pendant l’activité intellectuelle ; nous laissons de côté, bien entendu, beaucoup de recherches connexes, et notamment tout ce qui concerne l’échauffement de la masse cérébrale pendant le travail psychique, parce que l’étude de la température n’est pas notre sujet dans ce chapitre. Il reste à dire quelles sont les questions qui sont encore discutées. La principale est celle du mécanisme par lequel se fait l’afflux du sang au cerveau. Mosso, dans ses premières recherches, avait constaté une constriction de l’avant-bras correspondant à la dilatation cérébrale pendant que son sujet exécutait un calcul mental, et il en avait conclu l’existence d’un antagonisme entre le cerveau et le reste du corps. Ses expériences avec la balance, quoique moins probantes, parlaient dans le même sens. Puis d’autres auteurs ont discuté et expérimenté pour savoir si le cerveau est hyperémié par une dilatation active de ses vaisseaux, ou s’il se congestionne passivement par suite d’un afflux de sang chassé vers la tête par les autres organes du corps[1]. Aucune preuve péremptoire n’est venue

  1. Mosso a exposé brièvement cette discussion dans son livre sur la Température du cerveau, cité plus haut.