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conséquent nous construisons trois échelles telles que dans chacune l’augmentation du double soit représentée par le même nombre de divisions. Ainsi nous voyons que pour l’échelle correspondant aux nombres de chiffres calculés chaque division de l’ordonnée correspond à 2 000 chiffres calculés ; pour l’échelle correspondant aux nombres de fautes chaque division correspond à 50, enfin pour les corrections chaque division de l’échelle correspond à 25 ; de cette manière nous rendons les trois courbes comparables entre elles.

On voit nettement que le nombre de fautes croît bien plus rapidement que le nombre de chiffres calculés.

L’augmentation des fautes la plus forte a lieu pour le troisième intervalle ; l’auteur en déduit qu’il faut réduire les leçons d’une heure à des leçons de trente minutes. C’est une conclusion bien hardie et qui n’est guère prouvée ; en effet, l’occupation pareille à celle que l’auteur faisait faire aux élèves ne leur est pas habituelle ; les conditions étaient très artificielles, de sorte que l’on ne peut pas conclure de ces expériences qu’en général les enfants se fatiguent plus rapidement après une demi-heure de travail intellectuel qu’avant. La fatigue produite par une leçon est un fait normal, elle doit se produire si les élèves ont été attentifs, puisque tout effort est accompagné d’une certaine fatigue ; l’essentiel est donc de ne pas constater simplement cette fatigue, mais d’observer si l’individu revient à l’état initial après un repos plus ou moins long, de se demander si la fatigue produite ne passe pas à l’état chronique, au lieu d’être passagère comme toute fatigue normale qui ne nuit pas à l’organisme, mais qui ne fait qu’entretenir ses forces et activer son énergie. On pourrait même prononcer cette affirmation paradoxale que ce n’est qu’en se fatiguant qu’on arrive à se développer aussi bien au point de vue physique qu’intellectuellement ; c’est la fatigue poussée à outrance qui nuit, ce n’est pas la fatigue normale ; on pourrait même écrire un livre inti-