Page:Binet - Henri - La fatigue intellectuelle.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
CHAPITRE II
DÉFINITION DU TRAVAIL INTELLECTUEL

Puisque ce livre a pour objet de décrire et d’analyser les effets du travail intellectuel, nous devons d’abord définir le travail intellectuel. Les mots changent de sens suivant les gens qui les emploient et suivant les matières auxquelles on les applique. En psychologie le terme de travail intellectuel, comme celui d’intelligence, a une signification très vague. Nous ne devons pas envisager la question au point de vue spécial de la psychologie, et chercher à tenir compte du rôle joué par les différentes facultés intellectuelles, comme la mémoire, l’attention, etc. Notre point de vue actuel est celui de la pédagogie ; aussi devons-nous comprendre par travail intellectuel toute espèce de travail que les élèves accomplissent à l’école, soit pendant la classe, soit pendant l’étude. Dans ce cas, le travail intellectuel s’oppose au travail physique, au travail musculaire, auquel les élèves se livrent soit pendant les récréations, dans leurs jeux ou dans leurs leçons de gymnastique, soit encore dans certaines parties des leçons d’art manuel. La distinction du travail intellectuel et du travail physique est simple en théorie ; dans tout travail intellectuel il y a une partie de travail physique, et dans tout travail physique il y a une part de travail intellectuel ; mais ce qui caractérise le travail physique, c’est que le rôle joué par les mouvements et par le système musculaire est prépondérant, tandis que dans le travail intellectuel, ce qui prédomine,