Page:Binet - Henri - La fatigue intellectuelle.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour montrer les effets funestes du surmenage, plusieurs médecins ont rapporté les observations les plus frappantes de maladies souvent mortelles qu’ils ont recueillies dans leur clientèle ; il s’agit dans ces observations, non pas d’écoliers suivant régulièrement les cours d’une école ou d’un lycée, mais de jeunes gens se préparant à des examens difficiles, par exemple pour l’admission à des écoles du gouvernement.

Cette matière a été traitée de deux façons ; certains orateurs ont apporté des statistiques, d’autres ont eu des observations personnelles. Nous devons traiter distinctement ces deux formes de la méthode pathologique.

1o Lagneau et Dujardin-Beaumetz sont ceux qui ont le plus demandé à la statistique. Le discours de Lagneau contient une énumération soigneuse de tous les troubles pathologiques qui ont été observés dans les écoles ; l’auteur les attribue à plusieurs causes, la sédentarité, les positions vicieuses et le surmenage. Nous extrayons de son rapport ce qui a trait à ce dernier point[1].

« Des lésions dentaires, particulièrement la périostite alvéolo-dentaire, fréquemment observée chez les jeunes gens au moment de la préparation de concours, d’examens, coïncident souvent avec ces troubles digestifs, et sont surtout attribuables à l’état d’hyperhémie céphalique, déterminé par une contention intellectuelle trop forte et trop prolongée.

« Dans les lycées d’internes, dans les écoles spéciales d’instituteurs, lorsque sévissent des maladies épidémiques déjà favorisées par l’encombrement humain, la surcharge intellectuelle, déprimant l’organisme, prédispose aux atteintes de ces maladies.

« La phtisie, qui se montre si fréquemment parmi les habitants sédentaires des villes, se manifeste trop souvent chez nos jeunes gens les plus studieux, qui, toujours pen-

  1. Séance du 17 mai 1887.