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« Au commencement le calcul était facile : je trouve 30 par 70 égal à 2 100, puis en retranchant 30 je trouve 2 070 ; ensuite je calcule sans grande difficulté 2 fois 69 = 138 ; c’est à ce moment qu’est survenue une certaine émotion, parce qu’il m’a semblé que j’avais oublié le premier produit partiel ; un effort est nécessaire pour le retrouver, et cette partie du calcul est la plus difficile. »

Le travail a duré soixante-dix secondes, au bout desquelles la solution a été indiquée, soit 2 208. Pendant ces soixante-dix secondes, la respiration a été modifiée, et il est facile de se rendre compte de cette modification en comparant la respiration avant, pendant et après le calcul mental. D’abord, la respiration a été accélérée, elle a été de 26 pendant ces soixante-dix secondes, ce qui fait environ 22 pour une minute, alors que la respiration calme de ce sujet est de 18. C’est une accélération analogue à celle que produit une course de vitesse. En outre, l’amplitude du mouvement respiratoire est bien réduite ; les inspirations deviennent beaucoup moins profondes. Sur le graphique, la réduction d’amplitude est de moitié, mais nous avons dit pour quelle raison il est impossible d’en conclure que l’ampliation de la poitrine a diminué dans la même proportion. Le tracé permet seulement d’affirmer que la respiration est devenue beaucoup plus superficielle. Ce caractère est un de ceux qui distinguent le mieux les effets respiratoires du travail physique et ceux de l’activité intellectuelle. Toutes les fois qu’on fait un calcul mental, il y a une tendance à la suspension de la respiration, entrecoupée parfois par une inspiration profonde ; le thorax se meut beaucoup moins. Chez quelques personnes, la respiration peut devenir tellement superficielle qu’elle cesse presque de se marquer sur le tracé ; la figure 9 en est un exemple.

Enfin, après le calcul mental, le sujet précédent a eu une respiration augmentée.

La diminution d’amplitude de la respiration pendant le calcul mental a été signalée par Delabarre et Lehmann ;