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avons pris sur M. V…, dans les mêmes conditions de contre-pression faible ; mais, si Kiesow avait employé une contre-pression très forte, les résultats eussent été bien différents. Ce qui prouve bien l’exactitude de notre interprétation, c’est que nous pouvons à volonté, avec le même sujet, avoir les résultats négatifs de Kiesow, ou, au contraire, des résultats positifs comme ceux publiés dans notre présent travail.

Conclusion. — Notre principale conclusion est que le sphygmomanomètre de Mosso, avec les quelques perfectionnements de technique que nous avons indiqués, est un appareil digne de devenir classique dans nos laboratoires ; nous prévoyons que, dans peu de temps, il sera employé aussi fréquemment dans les expériences de psycho-physiologie que l’ergographe du même auteur. C’est un grand honneur pour le physiologiste italien d’avoir doté la science de ces deux appareils, qui sont tous deux d’un maniement pratique et donnent des résultats simples. Aucun de ces deux appareils n’est fondé sur une découverte importante ; l’ergographe est un perfectionnement d’autres appareils antérieurement connus, et le sphygmomanomètre est aussi un perfectionnement des appareils imaginés par Marey pour la mesure de la pression sanguine chez l’homme. Le mérite de Mosso est d’avoir réalisé quelque chose de pratique, de commode et de précis.

Cet instrument ne peut servir, selon nous, comme le manomètre enfoncé dans l’artère, à donner la mesure absolue de la pression du sang. Outre que le principe sur lequel est fondé l’instrument n’a pas encore été démontré expérimentalement[1], il y a plusieurs raisons sérieuses, que nous avons indiquées plus haut, qui empêchent de connaître la valeur exacte de la pression sanguine. Mais, en revanche, le sphygmomanomètre nous paraît donner la

  1. En effet, il n’est pas prouvé que la pression nécessaire pour supprimer le pouls soit égale à la pression sanguine.