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élèves un exercice de style ou d’écriture. Pendant cette interruption d’un quart d’heure, l’expérimentateur a pu rassembler une quarantaine de copies, qu’il examine à loisir après avoir quitté l’école, et dont il peut toujours tirer des conclusions instructives si l’expérience a été bien conçue ; 2o individuellement ; certaines recherches ne peuvent pas être faites collectivement, parce qu’elles exigent un examen individuel du sujet. Pour la mesure de la force musculaire, par exemple, et pour certaines expériences psychologiques de mémoire et de comparaison où il faut interroger le sujet et analyser ses réponses, on est obligé d’examiner chaque élève isolément. Un cabinet isolé, le plus souvent le cabinet du directeur, est mis à la disposition de l’expérimentateur ; les élèves y sont appelés un par un, ou deux par deux, ou par groupes plus importants, suivant les convenances ; quand l’examen d’un élève est terminé, il rentre en classe, et il est remplacé par un camarade, d’après un roulement convenu d’avance avec le professeur. Comme l’examen de chaque élève ne se prolonge jamais au delà de cinq à dix minutes, c’est pour lui une perte de temps insignifiante, d’autant plus insignifiante que cet examen ne se renouvelle guère souvent ; et quant au cours de la leçon, il ne peut être troublé par la sortie de deux ou trois élèves.

En somme, les expériences de pédagogie que l’on fait dans les écoles prennent peu de temps aux élèves, elles n’apportent aucun trouble dans l’ordre des études ; et si l’on songe qu’il suffirait de faire chaque mois une expérience d’un quart d’heure sur chaque élève, en comprenant dans cette recherche une dizaine d’écoles et de lycées, pour résoudre pratiquement un grand nombre de questions pédagogiques de la plus haute importance qui sont encore discutées, il semble que l’Administration devrait encourager de tout son pouvoir des recherches de ce genre, en les confiant surtout à des savants exercés.

En France, nous avons le regret de le constater, l’Admi-