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blissement du tribunal criminel créé par la loi du 17 août 1792[1] et qui devoit tenir ses séances dans un auditoire voisin du Trésor, on eut un besoin prompt de la pièce qui en formoit la partie supérieure. On auroit pu descendre les papiers qui étoient dans la salle haute, mais on les jeta dans la salle inférieure par la fenêtre de l’escalier de communication. Il en résulta que tous les registres qui étoient en face de cette fenêtre furent entraînés dans la salle inférieure. Cette salle présentoit elle-même un désordre ancien. Son plancher étoit tellement encombré de sacs, de coffres, de boëtes, de registres et de papiers qu’il étoit impossible d’y mettre le pied[2]. »

Tel était l’état déplorable dans lequel se trouvait le Trésor des chartes lorsque les membres du Bureau des Monuments, après en avoir reçu les clefs, au mois d’août 1792, des mains de Desienne, ci-devant substitut de Joly de Fleury[3], allèrent le reconnaître en novembre de la même année. Les membres du bureau du Triage des Titres, successeurs de ceux du Bureau des Monuments, détournés par « des opérations plus instantes en elles-mêmes ou pour le service public, » n’avaient pas encore eu le temps d’ordonner ce chaos ni même d’examiner les matières qui y étaient enfouies[4], lorsqu’au mois de prairial an V, ils apprirent que le malheureux fonds allait être dépossédé de l’unique pièce où on l’avait jeté en 1792. Le Tribunal criminel la réclamait pour y établir un greffe. En échange, on avait assigné au Trésor des chartes, comme demeure provisoire, les salles composant la sacristie de la ci-devant Sainte-Chapelle[5] ; mais ce n’était plus là l’ancienne sacristie où ces documents avaient reposé pendant cinq siècles ;

  1. Et non pas, comme le dit Teulet (Layettes du Trésor des chartes, t. I, introduction, p. xxij, col. 2), du « Tribunal révolutionnaire, » qui ne fut créé que l’année suivante.
  2. Rapport des membres du Bureau du triage des titres, en frimaire an VI, cité par Bordier, p. 145.
  3. Même rapport, fol. 2, note marginale.
  4. C’est, du moins, ce qui résulte des observations de l’un d’entre eux conservées parmi les papiers du secrétariat. L’auteur n’est désigné que par la phrase finale : « Telles sont les idées et les observations du citoyen B. » Mais des analogies d’écriture m’ont permis de reconnaître que cette initiale désignait J.-B. Berger, ancien aumônier des Mousquetaires, plus tard secrétaire commis à la section historique.
  5. Rapport de frimaire an VI, fol. 3 vo.