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Le roi avait été embaumé et revêtu[1] de drap d’or ; il portait, en outre, un manteau fourré d’hermine et avait la tête ceinte d’une couronne d’or extrêmement belle. Il tenait le sceptre de la main droite et la main de justice de la gauche. Son visage et ses mains, entièrement à découvert, présentaient, du reste, les signes d’une altération très visible.

Le 3 décembre, on procéda à l’inhumation proprement dite et l’on plaça le monarque à Saint-Denis, à côté de saint Louis, son aïeul[2]. Très peu de monde y assista, en dehors des nobles de la maison royale. Les entrailles et le cœur du roi[3] furent enfin déposés (4 décembre) au monastère des sœurs de Poissy[4] ainsi que celui-ci en avait décidé pendant sa vie. Guillaume Baldrich donne même à ce sujet un détail inédit : au dire des témoins oculaires, le cœur de Philippe IV était de si petite dimension, paraît-il, qu’on pouvait le comparer à celui d’un enfant nouveau-né ou bien à celui d’un oiseau.

Vient après le récit des derniers moments du roi de France, qui mourut d’une manière extrêmement pieuse, après s’être repenti et confessé et avoir exprimé des sentiments très chrétiens. La maladie s’étant aggravée[5] beaucoup (26 novembre), le moribond manda auprès de lui (le 27) son fils, le roi de Navarre, et l’entretint en tête-à-tête pendant longtemps. Puis, en présence d’un grand nombre de personnes, il prononça des paroles fort édifiantes et reconnut ses offenses envers Dieu. Il fit aussi son testament et enjoignit à son héritier de l’observer, de même que ses instructions verbales, sous peine du jugement de Dieu, auquel il l’appelait en cas de désobéissance. Il pria ensuite son fils de se comporter avec respect vis-à-vis de l’Église romaine, d’aimer le

  1. Cf. détails identiques, quoique moins complets, dans les Chronographia (Éd. citée, t. I, p. 219) et les Anciennes Chroniques de Flandre (Histor. de Fr., t. XXII, p. 401).
  2. Il fut enseveli près du roi son père, d’après les Chronographia (Id., ibid.), Guillaume Scot (Histor. de Fr., t. XXI, p. 208) et les Anciennes Chroniques de Flandre (Id., t. XXII, p. 401).
  3. Le continuateur de Guillaume de Nangis (Id., t. XX, p. 612) et celui de Girard de Frachet (Id., t. XXI, p. 42) placent ce fait au 3 décembre.
  4. Ce couvent, de l’ordre des Dominicaines, avait été fondé par Philippe IV.
  5. Yves, moine de Saint-Denis (le véritable auteur de la chronique, dont Scot fut simplement le copiste. Voy. les Not. et Extr. des mss., t. XXI, 2e partie, p. 249 et suiv.), qui assista Philippe à sa dernière heure, fournit à ce sujet des renseignements fort semblables. Il signale également, au 26 novembre, l’aggravation de la maladie du monarque (Histor. de Fr., t. XXI, p. 206).