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un homme d’honneur

temps apporte à ces admirateurs dont l’engouement n’est fondé que sur la cupidité.

— J’accepte votre cause, avait répondu Paul Bienville, sans enthousiasme, mais croyant néanmoins à la bonne foi de Martineau.

Tout se passa comme ce dernier l’avait espéré ; aucunes preuves ne purent être apportées à l’appui de la réclamation de la demanderesse. Dubois ayant passé les lignes, rien ne prouvait que les transactions entre lui et Martineau n’eussent été parfaitement en règle. On donna gain de cause au notaire, quoique cette décision mît trois personnes sur le pavé.

En entendant l’exclamation douloureuse échappée des lèvres du jeune Marcel Daulac, Paul avait regretté d’avoir fait triompher son client ; un sentiment de tristesse s’empara de lui, soudain il eut voulu être capable de changer la décision du juge. Il se demandait s’il n’avait pas été trop prompt en acceptant cette cause, si, malgré les apparences, Martineau n’était pas un coquin. Il résolut de faire de nouvelles recherches, de réparer ses torts, si involontairement il en avait eu.

Il sonna. Son valet parut aussitôt sur le seuil de la chambre.

— Jasmin, préparez ma malle. Je pars ce soir pour New-York, je vous amène avec moi.

— Pour longtemps, monsieur ?

— Je ne sais. Tout dépend du succès de mon entreprise. Vous êtes un garçon intelligent, vous me serez utile là-bas. Il s’agit d’une affaire ténébreuse qu’il faut à tout prix débrouiller. À partir de ce jour je double vos gages.


Six heures étaient passées. Une bouffée parfu-