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le secret de la marquise

tresse, tous deux la transportèrent sur un divan, où on lui inonda les tempes d’eau froide, en lui faisant respirer des sels.

Depuis quelque temps la marquise était sujette à ces évanouissements, l’on s’en effrayait moins au château que la première fois ; mais en cet instant elle était si changée, son visage était tellement livide que la femme de chambre eut peur.

— Vite, vite, dit-elle, Jérôme, allez chercher Monsieur Hector, Mademoiselle Louise ; je crois que Madame se meurt !

Ces deux enfants que nous avons laissés assis sous le grand chêne, s’enivrant du regard l’un de l’autre, heureux de ce bonheur que l’on n’éprouve qu’une fois, furent brusquement tirés de leur causerie par ces terribles paroles : Madame se meurt !

— Ma mère ! fit Hector en devenant livide.

— Ma tante ! dit Louise, en s’élançant dans la maison, suivie du jeune homme. En un instant ils furent à côté de la marquise. Hector la saisit dans ses bras. « Ma mère, ma mère chérie, dit-il, revenez à la vie », il la baisait au front et portait avec angoisse sa main sur son cœur afin de s’assurer s’il battait encore. La jeune fille s’était agenouillée, couvrant de larmes les mains de la marquise. Aux tendres appels de son fils, madame de Montreuil sembla reprendre un peu de connaissance, elle rouvrit les yeux.

— Hector, dit-elle, mon cher enfant, vous êtes là. Oh ! combien j’ai souffert, j’ai cru que j’allais mourir ; mais il ne le faut pas, non j’ai encore un devoir à remplir avant de vous quitter. »

— Ne parlez pas ainsi, mère bien aimée, vous ne