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le secret de la marquise

Ainsi, le cœur déchiré, elle entra dans l’humble maisonnette de Marie et vint tomber en pleurant aux pieds de celle-ci qui reposait dans un fauteuil.

En voyant entrer sa tante, Louise se retira discrètement dans la pièce voisine. Elle savait que la malade avait une confidence à faire et ne voulait pas gêner par sa présence. Marie prit les mains de sa sœur de lait, les porta à ses lèvres.

— Ne pleurez pas, dit-elle, la mort ne me fait pas peur.

— Oh ! Marie, c’est moi qui voudrais mourir à ta place, répondit lài marquise, à travers ses sanglots, car la vie est pour moi un horrible fardeau, que je ne me sens plus la force de supporter ; toi qui de tout temps a reçu mes confidences, écoute le terrible malheur qui me frappe : mes deux enfants, ignorant qu’ils sont frère et sœur, s’aiment d’amour !

Marie tressaillit, un soupir de soulagement souleva sa poitrine, et, tout-à-coup serrant la marquise dans ses bras : « Ah ! ne pleurez plus, dit-elle ; mais pardonnez-moi ma faute, puisqu’aujourd’hui elle ramènera le calme dans votre âme. Louise n’est pas votre enfant, Louise est ma fille, rappelez-vous la ressemblance de ces deux petits êtres lorsqu’elles naquirent, mon enfant et le vôtre semblaient être jumelles, votre malheur m’avait tellement affectée que durant ma grossesse je n’avais qu’une pensée, la vôtre ; mon enfant en venant au monde fut votre image vivante, cette ressemblance qui me flattait m’aida plus tard à la faire passer pour votre fille. Je vous écrivis un jour que mon enfant n’était plus, c’était votre pauvre petite que le croup avait su-