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le secret de la marquise

Louise est malheureuse, je le sens. Ai-je le droit de la faire souffrir ? Si des obstacles invincibles doivent nous séparer, aurons-nous moins de courage après nous être compris qu’avant ? Non, la vie que nous avons menée depuis un mois est trop cruelle. Après lui avoir avoué toute ma tendresse, j’oserai parler à ma mère, je veux tout savoir ; cette incertitude me tue. Quel est donc ce mystère ?

Tandis qu’il se parlait ainsi, Louise, assise sur une grosse pierre, dans un sentier retiré, la tête dans ses deux mains, pleurait amèrement. La pauvre enfant avait tout oublié, jusqu’à l’orage qui grondait au loin, pour donner un libre cours à sa douleur. Elle avait trouvé Marie plus faible, plus malade. La malheureuse femme en la voyant l’avait longtemps tenue pressée sur son sein, en lui répétant à travers ses larmes : « Ah ! Louise, mon enfant chérie, dans quelques jours je ne te verrai plus, tu ne sais pas combien je t’ai aimée, combien il a fallu que mon amour fut grand pour me séparer de toi. » Louise émue l’avait embrassée tendrement, sans comprendre le sens des paroles de sa nourrice, attribuant à la maladie un peu de divagation dans l’esprit de Marie, elle avait repris :

— Il ne faut pas vous désespérer ainsi. Non, vous ne mourrez pas ; hier, vous étiez mieux, cela va revenir, vous êtes demeurée debout trop longtemps ; venez, je vais vous aider à vous mettre au lit, le repos vous fera du bien. Puis, avec une attention toute filiale, elle l’avait, doucement, couchée dans son lit.

— Il faut me promettre de dormir, ne pas vous effrayer ainsi. Tenez, j’ai apporté la