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lution, Alison, qui était plus en état de décider sans passion. Ce grand écrivain admire leurs talens ; il croit qu’ils n’étaient point naturellement cruels, et leur mort lui en impose ; mais au moins, il ne dissimule point leurs fautes comme le font les deux panégyristes. Leur grande faute, dit-il, — et c’en est une que leurs malheurs subsequens ne sauraient suffire à expier, — consiste dans la fatuité avec laquelle ils jetèrent l’agitation dans les esprits publics. La tempête qu’avait soulevée leur éloquence, leur sagesse n’était pas assez grande pour la calmer. Ils soulevèrent le peuple contre le Trône le 10 Août, et ne purent le soutenir le 21 Janvier : en conséquence, ils tombèrent eux-mêmes sous la hache d’une populace dont ils avaient réveillé, excité les passions furieuses. Effrayés enfin de leurs propres actes, ils durent éprouver, quand ils voulurent mettre un frein à la révolution, l’effet naturel de leurs principes, et sentir le péril des doctrines qu’ils avaient eux-mêmes répandues parmi le peuple. À cette heure, à ce période du délire de la France, ils n’eurent pour eux aucune des grandes influences. Les propriétaires ne voulurent plus se rallier à ceux qui avaient dépouillé, persécuté l’église et la noblesse, — provoqué le 10 Août, et voté contre leur sentiment et par pusillanimité pour la mort de Louis XVI. Au contraire, les avocats du brigandage se soulevèrent contre eux quand ils voulurent arrêter le bras de ceux