Page:Bibaud - Deux pages de l'histoire d'Amérique, 1857.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 33 —

de Loyola. Dans une de ses indécentes œuvres, Candide ou l’Optimisme, M. de Voltaire nous représente les Sauvages du Paraguay mangeant à l’ardeur du soleil du maïs dans des écuelles de bois, tandis que les Pères se régalent dans une feuillée ou cabinet de verdure orné d’une colonade de marbre verd et or, entourés d’oiseaux de toutes les espèces et servis par des esclaves nègres dans l’or et le crystal. Châteaubriand nous dit qu’à certains jours, on donnait un festin aux étrangers, s’il s’en trouvait dans la république, — Voltaire nous les montre liés et garrottés par l’ordre des Jésuites. En un mot il porte sur l’institution le jugement suivant, que trouvera de bon goût qui voudra. “C’est une chose admirable que ce gouvernement. Le royaume a déjà plus de trois cents lieues de diamètre ; il est divisé en trente provinces. Los padres y ont tout, et les peuples rien ; c’est le chef-d’œuvre de la raison et de la justice. Pour moi, je ne vois rien de si divin que los padres, qui font ici la guerre au roi d’Espagne et au roi de Portugal, et qui, en Europe, confessent ces rois ; — qui tuent ici des Espagnols, et qui, à Madrid, les envoient au ciel.”

Il y a des choses que le monde philosophique croit avec autant d’avidité que d’étourderie. Les peuples du Paraguay, admirablement soumis au roi d’Espagne, lui payèrent toujours la taxe de l’écu d’or par famille, taxe que Montesquieu évalue au cinquième de tous les biens ;