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la patrie. « Le grand problème politique était résolu, dit Châteaubriand ; l’agriculture, qui fonde, et les armes, qui conservent, se trouvaient réunies. Les Guaranis étaient cultivateurs sans avoir d’esclaves, — guerriers sans être féroces ; immenses et sublimes avantages qu’ils devaient à la religion chrétienne, et dont n’avaient pu jouir sous le polythéisme, ni les Grecs ni les Romains. »

Mais le peintre du christianisme nous décrit exactement tout le système des Incas sans paraître l’avoir connu. Il dérobe au polythéisme une institution dont il attribue l’idée au christianisme. Cependant de deux institutions semblables, la plus ancienne est presque nécessairement le type et le modèle de la nouvelle. J’ai au reste le témoignage du dernier historien de l’Amérique. Aucune société que les Jésuites fondèrent n’atteignit, dit Goodrich, le même degré de splendeur que celle qu’ils établirent au Paraguay, et qui avait pour base les maximes par lesquelles les Incas gouvernaient leur empire.[1]

Il n’est pas étonnant que les enfans de Loyola eussent jeté les yeux sur ce systême, qui pouvait leur convenir à plusieurs égards, quand même ils n’eussent été que des missionnaires comme les autres, car Acosta compare la

  1. None of their institutions aoquired so great a degree of splendor as that which was formed at Paraguay, which had for its basis, the malinas followed by the Incas of Peru.