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qui aient atteint le vrai but du gouvernement. Sans doute, l’on pourrait dire quelque chose contre certaines particularités de ce système ; mais dit Donoso Cortez, toute forme de gouvernement est sujette à des objections ; il n’y a point de gouvernement qui n’offre que des inconvénients, — il n’y en a pas non plus qui n’offre que des avantages. Il suffit pour défendre le régime des Incas, je ne dis pas aux yeux des socialistes et des communistes, — car ce système, où il n’y avait de propriétaire que l’état, et où les individus n’étaient qu’usufruitiers, n’était ni le socialisme ni le communisme, bien que Montesquieu lui-même s’y soit trompé, — mais aux yeux des publicistes, que tous les élémens de cette utopie, si l’on veut bien l’appeler ainsi, se conviennent, que toutes ses parties s’enchaînent, et que l’on puisse dire avec le Comte Carlo Carli, qu’elle n’aurait pu être réalisée si on eût omis une seule peut-être des précautions qu’on y prenait. Et c’est bien ce qui fait voir que les Espagnols n’auraient jamais pu imaginer après coup un pareil ensemble.

Sir William Blackstone a comparé à ce système le gouvernement d’Alfred le Grand. Mais sans m’arrêter aux travaux de la critique moderne, — aux coups que Sir James McIntosh et d’autres chercheurs ont porté à cette multiplicité de belles institutions que la renommée attribue à Alfred ; — en me rangeant même du côté de la tra-