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occupés, si elle n’eût pas été une réalité. Les Espagnols ont même quelquefois admiré ce système. « Si dit Blas Valera, nos ancêtres eussent élevé leurs enfans dans la profession de leurs parens, selon la sage institution des Incas, le Pérou aurait été plus florissant qu’il ne l’est actuellement ; et tout y abonderait comme au temps de ces grands princes. » Tout reste de doute disparaîtra au reste quand j’arriverai à un fait qui est très peu connu même en Amérique.

Mais si j’ai à cœur que la vérité de ce système soit reconnue, je ne veux que faire respecter le domaine de l’histoire, — lui conserver une page originale et non faire de l’utopie. Que les peuples se gouvernent comme ils le voudront, ou plutôt, comme ils le pourront. La constitution anglaise est parfaite si la concentration du sol dans un petit nombre de mains est un fait naturel ou indifférent ; mais si la fin de la société n’est pas là, — s’il y a dans l’état un intérêt plus général, plus multiple, la constitution d’Angleterre n’est qu’une chimère, il est vrai trop réelle. Si les bases d’un bon gouvernement sont l’égalité des biens et le soin de pourvoir à tous les besoins des sujets, de manière qu’il n’y ait point de disproportions qui mette les uns ou les autres dans la gêne ; ou, qu’une partie ne soit point dans l’abondance tandis que, l’autre serait dans la misère, il n’y a que les Incas