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Ainsi, le code pénal ne présentait pas une liste interminable de crimes créés par le droit positif dans l’intérêt des propriétaires ; mais les peines applicables au petit nombre de crimes que l’on connaissait étaient sévères. Il est vrai que les Incas avaient pris tant de précautions pour faire éviter les fautes, qu’ils avaient rarement à appliquer le châtiment : il faut ajouter encore qu’ils régnaient sur des peuples qui croyaient leurs lois divines ; dans ce sentiment, les coupables venaient souvent s’avouer eux-mêmes.

Mais les Espagnols ne se furent pas plus tôt emparés de l’empire des Incas que la chaîne de tous les rapports civils fut rompue. Le bonheur de la nation disparut avec ses lois. Le peu qu’il resta d’individus ne fut plus qu’un troupeau de malheureux esclaves. Garcilasso raconte avec quelle horreur on vit dans les rues de Cuzco une veuve obligée de mendier son pain aux portes de ses compatriotes, lorsque la sage législation qui avait pourvu à ses besoins fut anéantie.

Cette législation des Incas n’est point imaginaire comme le prétend l’imprudent chanoine Luthérien DePaw. L’Inca Garcilasso ne l’aurait point décrite au milieu de l’Espagne, les Espagnols eux-mêmes n’en auraient point mentionné chaque élément, et des jurisconsultes de l’autre hémisphère, tel que Blackstone, ne s’en seraient pas