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tes ces chances de bonheur ne pouvaient empêcher la jeune femme de souffrir.

Sa belle-mère la gênait.

C’est que Mme Serravalle aimait son fils, pour lequel restée veuve à vingt-quatre ans, elle ne s’était jamais remariée. Et elle était encore belle, cette femme dont la vie s’était écoulée sans secousses à élever doucement son enfant. Et celui-ci lui avait rendu ses tendresses, les lui rendait encore à profusion, comme pour lui faire oublier qu’un autre amour avait pris place dans son cœur de vingt ans.

C’était de cela surtout que Nelly, sa femme, se montrait jalouse.

L’éloge incessant de sa belle-mère sur les lèvres de son mari, l’admiration réelle qu’excitaient parmi les amis de la famille le caractère et l’abnégation de la veuve, admiration dont l’écho remplissait jusqu’à son alcôve, irritaient cette bru, enfant gâtée, élevée par une aïeule fort âgée, qui n’avait eu d’autre volonté que la sienne.