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terrestre, évoquait l’idée d’une région mystérieuse, inaccessible aux sens, située au delà de la vie. Du sable à l’infini, une vaste houle de sable qui déferlait jusqu’au bord de l’horizon constellé, un immense linceul couleur d’or, plissé d’ondulations immobiles, comme si le flux du temps s’était figé, arrêté là pour l’éternité. Rien que ce sable marqué d’un signe de mort, dans ce silence effrayant des espaces, sous la lumière spectrale de l’éther inhabité. Puis, bientôt, au bas d’une faible pente, dans un creux en entonnoir, une blancheur confuse s’ébaucha, sembla surgir de la houle vermeille. On aurait dit une barque perdue en mer, une carène sans voiles & sans mâts sur le point d’être submergée, retournée par les vagues, petit îlot de vie égaré au milieu de cette mort implacable & qui,