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donc, lorsque nous implorons la guerre, le gouvernement l’attend-il? La peur s’assoierait-elle au conseil avec nos ministres? ou bien leur œil inquiet aurait-il deviné dans quelque sous-lieutenant de l’armée un dictateur proclamé par des séditieux, un Napoléon revenant d’Egypte? Notre orgueil national n’a-t-il pas subi assez de protocoles et de congrès? Ne sonnerons-nous de la trompette que lorsque les coursiers de l’Ukraine henniront aux portes de Strasbourg, que lorsque les barbares seront arrivés haletants ? Il est temps de jeter le dé sur un tambour ; et dussionsnous périr tous, l’honneur de la France et la liberté ne périront pas.

« Mais nous avons pour vaincre une avant-garde dans chaque nation, des conspirateurs qui s’organisent à l’ombre de l’Escurial, qui aiguisent leurs poignards sur les marches de Saint-Pierre, qui se donnent rendez-vous au Grand-Théâtre de Milan, qui se mêlent en espions aux saturnales de Lisbonne, qui calculent leurs coups sur les bancs des universités allemandes. Combien de cités dorment en apparence, et dont les paisibles bourgeois s’immortaliseront sur des barricades ! Les pavés de Paris ont tué tous les absolutistes d’Europe. Les légitimistes ont un tombeau, et n’ont pas de Coblentz.

« Et chez nous, interrogez le peuple sous le chaume, aux ateliers, dans la rue ; interrogez l’armée ; interrogez nos soldats-citoyens. Partout l’enthousiasme ne le cède qu’au courage. Nous sommes d’ailleurs persuadés que la guerre est la solution des difficultés du moment. Oui, la guerre, pour avoir la paix. Le commerce, qui est cosmopolite, languit en France : rouvrez-lui les canaux par où son or courait à travers le monde, et le commerce renaîtra. Les carlistes de nos provinces s’appuient sur les cabinets étrangers. Périssent les cabinets ! Et les peuples, si les carlistes s’appuient sur eux, seront une mer qui les engloutira. C’est à la guerre que nous devons notre prospérité et notre repos. Guerre donc à la Sainte-Alliance! afin