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LA GUERRE

Dijon, 9 mars 1831. j

« Guerre ! que ce cri tombe du haut des trônes ou s’élève du sein des peuples, il retentira prochainement en Europe, de la Vistule au Tage. Entendez-vous ces fourmilières d’esclaves qu’écrasa le pied de Napoléon? Les despotes, dans le secret de leurs palais, amassent des millions de soldats contre nous, et s’appellent au secours l’un de l’autre contre les envahissements de la civilisation et de la liberté. La Russie se hâte d’étrangler, comme un czar caduc, la jeune et héroïque Pologne ; la Prusse et l’Autriche, vassales de la Russie, lui prêtent les mains ; elles s’embrassent toutes trois sur un cadavre. Elles s’embrasseraient avec la même ivresse de joie si elles avaient attaché la France à ^.la bouche de leurs canons. Les cosaques de l’une sont à cheval ; les landwehrs des autres sont réunies sous la tente. Que dis-je? Ne sont-ce pas les Russes qui canonnent Varsovie? Ne sont-ce pas les Prussiens qui s’impatientent dans Luxembourg? Ne sont-ce pas les Autrichiens qui se préparent à intervenir, la baïonnette au fusil, chez nos frères de Modène ? Nos ennemis ne sont pas tous sur le Rhin : ils sont en Italie, en Espagne, en Portugal, partout où l’on bafoue le nom français, partout où l’on verse le sang des patriotes, partout où il y a six pieds de terre pour y ensevelir des tyrans. Une seule puissance demeure calme et indifférente, l’Angleterre, qui aime probablement à se persuader qu’il s’agit sur le continent d’une question de principes, et non d’une question de conquêtes ; comme si ces deux questions n’en formaient pas une seule indivisible dans la politique de l’étranger.

« La France cependant est sous les armes : nous sommes un peuple qui a placé la liberté sur un autel. Pourquoi