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pensé de lui des juges qui valaient mieux que moi, m’incliner profondément devant sa gloire et devant la renommée aussi de ceux qui l’ont loué. À tout homme la mort est réservée, à toute œuvre humaine, l’oubli. La mort vient vite ; l’oubli plus vite encore pour la plupart, lentement pour quelques élus ; il n’a pas commencé pour Pascal.

On admire les Provinciales comme en 1656. On lit les Pensées et on les cite comme en 1670. Le succès n’est pas épuisé, et chaque critique littéraire à son tour vient y ajouter le poids de son admiration. Quelques-uns, pour avoir inscrit leur nom sur l’admirable monument, ont accru leurs chances d’immortalité. L’une des deux phrases des plus souvent citées de Chateaubriand et que, dans ses Œuvres, on oubliera les dernières, célèbre la gloire de Pascal, l’autre menace celle de Napoléon.

Les pages brillantes écrites sur Pascal formeraient un livre. Le Pyrrhonisme y serait rare. On admire ou on se tait ; on admire surtout, le sujet est si beau !