Page:Bertrand - Blaise Pascal, 1891.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

principalement lorsqu’on le représente fort chaste et fort honnête. Ainsi l’on s’en va de la comédie, le cœur si rempli de toutes les beautés et de toutes les douceurs de l’amour, l’àme et l’esprit si persuadés de son innocence qu’on est tout préparé à recevoir ses premières impressions ou plutôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs et les mêmes sacrifices que l’on a vus si bien peints. »

Curieux de tout, autorisé par la coutume, voyant autour de lui les plus honnêtes gens faire de l’amour profane l’affaire importante de leur vie, et quelque diable aussi peut-être le poussant, il voulut suivre leurs douces maximes et, lui aussi, faire le galant. Mais si, captif du monde, comme on disait à Port-Royal, il a perdu la paix de Sion, il n’a pas connu l’ivresse de Babylone. Son esprit seul était impétueux ; le désir a traversé sa vie, jamais le bonheur. La jeune Vénitienne dont on sait l’histoire, lui aurait conseillé de retourner aux mathématiques. Pascal craignait l’amour à l’égal de la gloire. C’est en Dieu seul qu’il vou-