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Me faisant voir les yeux de Dorimène.
Lors quittant Climène,
Je brûlai pour eux.
Bénis, mon cœur, cette heureuse journée,
L’heure fortunée,
Qui changea mes feux,
Où je pus voir les yeux de Dorimène,
Où quittant Climène,
Je brûlai pour eux.

Jacqueline s’élevait jusqu’à l’églogue. Celle-ci est de sa treizième année :

Un jour, dans le profond d’un bois,
Je fus surprise d’une voix :
C’était la bergère Silvie
Qui parlait à son cher amant
Et lui dit pour tout compliment :
« Je vous aime bien plus, sans doute que ma vie. »
Lors j’entendis ce bel amant
Lui répondre amoureusement :
— De plaisir mou âme est ravie.
Je me meurs, viens à mon secours
Et pour me guérir, dis toujours :
« Je vous aime bien plus, sans doute que ma vie. »
Vivez, ô bien heureux amants !
Dans ces parfaits contentements,
Malgré la rage de l’envie
Et que ce mutuel discours
Soit ordinaire en vos amours :
« Je vous aime bien plus, sans doute que ma vie. »

La petite Jacqueline chantait tout. Les amies de Gilberte, Gilberte aussi peut-être, en tenant devant elle des propos sur l’amour, avaient