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Il ne serait pas juste, en la jugeant, d’oublier que l’auteur avait douze ans à peine. Sans en être meilleurs, ses vers deviennent prodigieux.

Le rondeau suivant est de 1637. Jacqueline avait onze ans :

Pour vous j’abandonnai mon cœur,
Mais vous avez tant de rigueur
Que si vous n’étiez pas si belle,
Je serais sans doute infidèle.
Ce vous serait un grand malheur.
Ayez un peu plus douceur,
Vous verrez ma fidèle ardeur
Qui ne sera jamais rebelle
Pour vous.

Souffrez que votre œil, mon vainqueur,
Apaise un moment ma douleur
Et ne soyez plus si cruelle,
Autrement nous aurions querelle.
Y trouveriez-vous de l’honneur
Pour vous ?

La chanson suivante est de la même année :

Climène était la reine de mon âme.
Cette ingrate dame
Méprisait mes feux.
Mais quand je vis les yeux de Dorimène,
Je quittai Climène :
Je brûlai pour eux.
Lors mon bonheur à soi seul comparable
D’amant misérable
Me rendit heureux,