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Biaise, accoutumé aux louanges comme Mithridate au poison, ne l’était ni à l’indifférence ni au dédain. On a cru voir, dans ce premier froissement, l’explication de ses jugements peu bienveillants et de ses relations peu amicales avec Descartes. Il est certain que les amis d’Étienne Pascal ont blâmé la réponse trop peu obligeante de Descartes pour un enfant d’un si rare mérite.

On a ajouté, sans preuve aucune, que non content de dédaigner les théorèmes découverts par Biaise, Descartes les attribuait à Étienne qui, par une indigne supercherie, en aurait fait honneur à son fils.

Pascal et Descartes ne furent jamais amis : aucune explication n’est nécessaire. Leurs goûts étaient incompatibles. Tous deux étaient géomètres, tous deux à l’occasion savaient l’oublier. Le premier, comme Montaigne, avait la vue claire, mais l’appliquait à peu d’objets ; il repoussait « la curiosité inquiète des choses qu’on ne peut savoir, voyant toutes choses causées et causantes, aidées et aidantes, médiatement et immédiatement, et toutes s’entretenant par un lien naturel et insensible