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des moyens de faire des figures infailliblement justes, il se mit lui-même à rêver sur cela à ses heures de récréation ; et étant seul dans une salle où il avait accoutumé de se divertir, il prenait du charbon et faisait des figures sur les carreaux, cherchant des moyens de faire, par exemple, un cercle parfaitement rond, un triangle dont les côtés et les angles fussent égaux et des autres choses semblables. Il trouvait tout cela lui seul ; ensuite il cherchait les proportions des figures entre elles ; mais comme le soin de mon père avait été si grand de lui cacher toutes ces choses, il n’en savait pas même les noms. Il fut contraint de se faire lui-même des définitions ; il appelait un cercle un rond, une ligne une barre et ainsi des autres. Après ces définitions il se fit des axiomes, et enfin il fit des démonstrations parfaites ; et comme Ton va de l’un à l’autre dans ces choses, il poussa les recherches si avant, qu’il en vint jusqu’à la trente-deuxième proposition du livre d’Euclide. Comme il en était là-dessus, mon père entra dans le lieu où il était, sans que mon frère l’entendit ; il le trouva si fort appliqué, qu’il fut longtemps