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et qu’il savait que la mathématique est une science qui remplit et qui satisfait beaucoup l’esprit, il ne voulut point que mon frère en eût aucune connaissance, de peur que cela ne le rendît négligent pour la latine et les autres langues dans lesquelles il voulait le perfectionner. Par cette raison, il avait serré tous les livres qui en traitent, et il s’abstenait d’en parler avec ses amis en sa présence ; mais cette précaution n’empêchait pas que la curiosité de cet enfant ne fût excitée, de sorte qu’il priait souvent mon père de lui apprendre la mathématique ; mais il lui refusait, lui promettant cela comme une récompense. Il lui promettait qu’aussitôt qu’il saurait le latin et le grec, il la lui apprendrait. Mon frère, voyant cette résistance, lui demanda un jour ce que c’était que cette science et de quoi on y traitait ; mon père lui dit, en général, que c’était le moyen de faire des figures justes, et de trouver les proportions qu’elles avaient entre elles, et, en même temps, il lui défendit d’en parler davantage et d’y penser jamais. Mais cet esprit, qui ne pouvait demeurer dans ces bornes, dès qu’il eut cette simple ouverture, que la mathématique donnait