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On a raconté sur l’enfance de Biaise une aventure difficile à croire. Nulle chaîne de témoins ne peut mériter plus de confiance que la vertueuse et rigide famille par laquelle elle s’est transmise, mais la véracité des témoins ne rend pas le merveilleux vraisemblable.

« C’est une histoire tout à fait étrange que celle que madame Perier nous a contée de son frère. Il n’avait encore que deux ans lorsqu’il tomba dans la plus étrange maladie du monde. Il ne pouvait voir d’eau ni d’autres liqueurs ; il ne pouvait souffrir son père et sa mère ensemble, quoiqu’il vît fort bien l’un et l’autre séparément ; il était sec comme les enfants qui sont enchantés, de sorte que l’on n’en attendait plus que la mort. Un mal si extraordinaire fit dire à plusieurs qu’il était ensorcelé, et le soupçon en tomba sur une vieille à qui on faisait la charité dans la maison, à qui la nourrice l’avait fait porter quelquefois. Le bruit en fut si grand, qu’enfin M. Pascal le père désira de s’en éclaircir. Il tira à part cette femme, la menaça de la mettre en justice si elle ne guérit son fils et il lui commanda de le faire sans nouveau