XI
LE RETOUR DE BRIZEUX
Boira-t-il à la source où ma lèvre s’incline ?
Passera-t-il où j’ai passé ?
Le Barde :
Exprimais-tu le doute ? exprimais-tu l’espoir ? — Ô
barde consume par le feu du devoir, — Pouvais-tu
redouter qu’on oubliât ta trace, — Toi qui fis tant
vibrer l’âme de notre race ! — De toi dès le berceau
chacun de nous s’éprit : — Nous sommes tes enfants
par le cœur et l’esprit.
Nos mères ont bercé notre enfance fragile — Au chant de tes beaux vers, doux comme l’Évangile, — Nos maîtres, nous menant par les frais chemins creux, — N’ont jamais séparé la Bretagne et Brizeux. — Pour faire naître en nous l’amour de la Patrie, — Ils laissaient nous parler le chantre de Marie.
Brizeux, âme de Saint, urne d’amour, grand cœur — Débordant d’une exquise et puissante liqueur, — Que ne te dois-je point, quant à moi, jeune pâtre, — Qui menais mon troupeau sur un coteau bleuâtre, — Aux