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pourrissent, en tas dans les greniers, — Parmi l’étoupe, les chiffons et les os.


yves, cousin d’Erwan, breton revenu des pays lointains où il avait cru pouvoir trouver de l’argent à râteler :

Sous le prétexte de gagner beaucoup d’argent et d’or, — Je vendis mon bien et je quittai la Bretagne. — Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, hélas ! Car je ne trouvai que chagrin et peine mortelle. — Les labeurs accablants sont souvent notre lot — Sous le joug des Français plein de perversité.

Parmi la boue, dans la glace, au cœur de l’hiver ; — Parmi la poussière, sous le soleil, au cœur de l’été ; — La plupart du temps enterrés dans les profondeurs, — Comme des damnés, dans les puits infernaux, — Creusant, comme les taupes ; rampant comme les vers, — Voilà la vie des Bretons exilés.

Et au bout de toutes les souffrances, la santé perdue, — Nous n’avons pas le moindre sou, pas un denier — Pour retourner au cher pays où l’on voudrait mourir : — Il nous faut nous résigner à passer en pays lointain.

Pas un prêtre, quand vient l’heure de l’angoisse, — Pour mettre notre âme aux mains de Jésus. — Il faut mourir, sans air, sans soleil, au milieu des bruits, — Sur la pierre ou sur la planche, sans un sac de paille.