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xxiii

LA SECONDE MORT DE RENAN

i

Me voici revenu dans la petite ville de Tréguier : — Ainsi qu’un enfant perdu l’on me ramène à la maison. — Hélas ! que diront mes frères de par le sang ? — Alors que si longtemps je fus pour eux un étranger.

Les portes de l’église me sont fermées — Et mes frères, hélas ! sont perplexes en me voyant. — Ici, en ma jeunesse, enfant docile, je vécus — Respectueux de la foi chrétienne et des coutumes.

Dès que je me trouvai parmi les Français, — Un mal sans remède frappa mon esprit ; — Le breuvage que l’on me donna me fit perdre ma route — Et aussitôt je perdis aussi l’amour de Dieu.

L’amour de la gloire et l’orgueil enflammèrent mes yeux ; — L’ambition troubla mon sang. — Pour être rapidement connu du monde entier, Je déclarai la guerre à la divinité de Jésus.

Sans pitié pour le pauvre dont l’espoir est ailleurs, — Sur la foi chrétienne, aveuglément, je frappai. — Combien, m’ayant entendu, ont perdu la foi, — Et, comme des bêtes oubliées, sont morts solitaires en leur maison !