Mais, combien qu’il y ait de temps, — De temps passé, toujours sereine, — En son visage fleuri comme en son corps, — Elle est restée comme une fée.
Ainsi étendue de son long, — Son corps ondule comme un champ de froment. — Ses seins sont comme deux collines, — Droites sous la rosée matinale.
Ses jambes, ses bras entr’ouverts, — Ainsi que des fleuves de lait coulant vers l’Océan, — Vont d’une mer à l’autre mer, — À travers les champs et les bois.
Elle est vieille, dit-on, puisque ses cheveux — Sont blancs comme le lin ou comme la gelée, — Mais son corps de fée et son âme — Sont restés jeunes en vérité.
Dès que l’Étranger l’aperçut, — Aussitôt il la désira ; — Mais jamais, malgré ma faible taille, — Il ne portera sur elle la main.
Oh ! réveille-toi, mon Arvor aimée ! — Oh ! lève-toi pour défendre ton honneur ! — Avant que mon sang soit tari, — Ouvre, ouvre tes yeux.
Plutôt que de voir une souillure — Sur ton corps pur, ton corps incomparable, — Oh ! ma Douce jolie, Bretagne, — Amante et mère, plutôt mourir !