21. « Car celui qui cherche sa fortune personnelle, la perdra — et celui qui renonce à elle, se trouvera riche.
22. « Car celui qui veut être riche, deviendra l’ennemi de tous — et celui qui dit : je n’ai rien, sera riche de tout l’avoir commun.
23. « Celui qui veut travailler pour son seul profit — ne peut rien faire de bon et de durable.
24. « Il n’ose planter un arbre, ni bâtir une maison — car bien d’autres en jouiront après lui, demain peut-être.
25. « Mais celui qui travaille pour tous — profite du travail de tous.
26. « Car dans ce temps-là rien n’appartiendra à personne — mais tout appartiendra à tous.
27. « Étouffez aussi les pensées d’orgueil et de mépris — et de domination sur vos semblables.
28. « Celui qui veut s’asseoir à la première place — sera repoussé à la dernière et confondu dans la foule.
29. « Et celui qui veut s’élever sur les autres et commander — souffrira l’affront du refus d’obéissance.
30. « Parce qu’en ce temps-là, personne n’obéira plus aux hommes — mais à la seule raison. »
31. Ainsi parlait cet homme — et les gens se groupaient autour de lui ;
32. Et demandaient : « Quel est son nom, quelle est sa patrie — et quelle est cette Heure dont il parle ? »
33. Mais il dit : « Mon nom est : Quelqu’un ; ma patrie : La Terre ; et l’Heure que j’annonce est celle des comptes à régler. »
Ch. II
1. Comme il passait dans un village — les paysans s’assemblèrent autour de lui,
2. Et ils lui dirent : « Toi qui annonces l’Heure — dis-nous ce qu’il faudra faire alors ».
3. Il leur dit : « Quand l’Heure sonnera — réunissez-vous et réjouissez-vous en commun.
4. « Tuez le porc gras et la vache grasse — et tirez le bon vin du cellier.
5. « Et mettez une grande table dans la maison commune — et rassasiez-vous, et divertissez-vous tous ensemble.
6. « Que celui qui vit dans sa maison y demeure — et celui qui vit dans une maison louée, ne paie plus de loyer.
7. « Et que celui qui n’a pas de maison convoque les autres, et leur dise : « Aidez-moi à bâtir ma maison. »
8. « Que celui qui a un champ le cultive, celui qui a un métier, le travaille — que l’abeille donne autant qu’elle peut de cire et de miel.
9. « Et dans la Maison Commune ayez deux livres — où chacun viendra écrire :
10. « Sur le premier, ce qu’il peut donner — sur le second, ce dont il a besoin.
11. « Et donnez à chacun ce dont il a besoin, autant que possible — sans mesurer ce qu’il peut fournir.
12. « Car le fort n’a pas de mérite à être fort — ni le faible n’est coupable d’être faible ;
13. « ni l’habile n’a de mérite à être habile — ni le maladroit n’est fautif de l’être ;
14. « Mais chacun doit être jugé selon son bon vouloir — qui a fait ce qu’il pouvait est quitte envers tous.
15. « Ces choses ont déjà été dites — mais bien peu les ont comprises — Paix sur terre aux hommes de bonne volonté.
16. « Et si quelqu’un est accusé de ne pas faire ce qu’il peut — ou demander plus que selon ses besoins,
17. « Réunissez les hommes mûrs et les femmes d’expérience — et examinez le cas avec bienveillance et charité.
18. « Et demandez-lui s’il veut vous donner ses raisons de procéder ainsi.