Ch. VII.
1. Cependant les paroles qu’il disait se répandaient par la ville — et les docteurs et les étudiants l’écoutaient avec attention.
2. Et l’un d’eux dit : « L’Heure que tu nous annonces, — c’est la Science, et nul autre, qui la marquera. »
3. Mais il dit : « votre Science est une lumière bien belle sans doute — mais sur laquelle on a renversé un grand boisseau.
4. « Car il y a des millions de cerveaux dignes de la connaître et d’aider à ses progrès — qui gémissent dans l’ignorance.
5. « Parce qu’on les a courbés dès leur plus tendre enfance — sur une tâche épuisante et machinale. »
6. Un autre dit alors : « Il faut répandre l’instruction primaire — et rendre par des examens, l’instruction supérieure accessible à tous. »
7. Mais il dit : « L’instruction que vous imposez aux enfants — est bonne à les dégoûter à tout jamais d’apprendre ;
8. « Car tout y choque la logique et la saine raison — depuis la forme des lettres, l’orthographe et la grammaire.
9. « Et vous exigez que l’enfant prouve par examen s’être soumis à tout cela — avant de lui permettre d’aborder la vraie science. »
10. Or un maître d’école dit : « Ne faut-il pas cependant apprendre les règles — de parler et d’écrire correctement ? »
11. Mais il dit : « Cet homme est semblable à un hanneton attaché au bout d’un fil — tournant toujours dans le même cercle.
12. « Qu’est-ce en effet qu’écrire et parler correctement pour lui ? — sinon les règles qu’il enseigne ? »
13. Mais un docteur dit : « Ne faut-il pas conserver pieusement — les usages et les traditions de nos pères ? »
14. Il lui répondit : « Embaumeur de choses mortes, laisse-les pourrir en paix — et ne nous encombre point de momies.
15. Mais un législateur vint et lui dit : « Il est vrai que les lois sont souvent injustes — il faut en faire de nouvelles. »
16. Il dit : « Chaque loi que vous faites est grosse en naissant de crimes — qui n’auraient pas existé sans elle.
17. « Car elle prétend empêcher de se produire un effet — dont elle ne saurait atteindre la cause.