Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous trainez apres vous d’une échine ondoyante,
Naissez, vivez, mourez, sa loüange exaltans.
Chantez-la d’une voix, que nul soin n’interrompe,
Grands rois parmy son peuple assis comme en son lieu :
Et vous fiers potentats qui pleins de vaine pompe
Estes dieux sur la terre, et terre devant Dieu.
Peuples nez entre nous, peuples de terre estrange,
Faittes ouyr son nom aux rochers les plus sourds :
Hommes, femmes, enfans, donnez à sa loüange
Le matin, le midy, le soir de vos beaux jours.
Vous que la fleur de l’âge aux voluptez convie,
Vous qui chassez du monde, et ja prests d’en sortir
Touchez d’un pied tremblant les bornes de la vie,
Faites son nom sans cesse en vos chants retentir.
Bref, que tout genre d’estre, et tout sexe, et tout âge,
Benisse le seigneur ses biensfaits racontant,
D’un parler si conforme aux pensers du courage
Que se taisant la voix le cœur l’aille chantant.
Car il est l’esprit seul en qui vit et respire
Tout estre ou non visible, ou visible à nos yeux,
Et le seul roy qui tient, d’un eternel empire
Le throsne de sa gloire elevé sur les cieux.
Alors que tout flambant d’une lumiere sainte
Il s’y sied en triomphe, et pompe, et majesté,
L’univers se prosterne en reverence et crainte,
Et nul ange n’en peut supporter la clarté.
De là sont envoyez devers sa troupe elevë
Ces merveilleux secours qui la sauvent des fers :
De là partent ces loix de puissance absoluë,
Qui font trembler le ciel, la terre, et les enfers.
Soit à jamais sa gloire en nostre ame adoree,
Soit à jamais son nom par nos chants celebré :