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L’abondance y demeure et ses douces compagnes :
Mille et mille troupeaux en couvrent les campagnes
De joye et de repos leurs ames tu repais :
La trompette s’y taist, et la voix des allarmes :
Et tant d’aise en banit les souspirs et les larmes
Que leur moindre bon-heur c’est celuy de la paix.

Aussi toute la terre enviant leur fortune,
La nomme bien-heureuse, et de vœux t’importune
Pour de pareils effects de celeste faveur :
Mais quelque heur que le ciel verse dessus leurs testes
Plus heureux est encor, mesme au fort des tempestes,
Celuy de qui ton bras daigne estre le sauveur.

Toy donc jettant sur nous les yeux de ta clemence,
Garde nous de naufrage, et sois nostre defense
Contre des ennemis si puissans et si fiers :
Rendant par ta bonté ces tempestes plus calmes,
Où nous faisant du ciel recevoir quelques palmes,
Si nous n’en devons plus esperer d’oliviers.




PARAPHRASE PSEAUME 136



Assis aux tristes bords des eaux de Babylone,
Où le courroux vangeur qui renversa le thrône
Des grands Roys de Sion nous avoit exilez,
Nous plorions jour et nuict Jerusalem destruite
Que la flame Barbare en cendre avoit reduite,
Rendans nos plus saincts lieux deserts et desolez.