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Ny pompe, ny grandeur, ny gloire, ny puissance
Ne sçauroient destourner le glaive de vengeance
Pendant dessus son chef des mains de l’Eternel,
De qui l’inevitable et severe justice
Fait qu’il est à toute heure en un mesme supplice
Tesmoin, juge et bourreau, non moins que criminel.

Non, les fiers Aquilons de leur venteuse haleine
Ne promenent pas mieux sur le dos d’une plaine
La paille rencontree au champ du laboureur,
Que Dieu le poursuivra sur le front de la terre,
Si jamais son pouvoir luy declarant la guerre
Change sa patience en ardante fureur.

Puis quand viendra le jour, le jour espouventable,
Où les peuples jugez par sa bouche equitable,
Seront de leurs forfaits eux-mesmes deceleurs :
Alors le miserable envoyé pour pasture
Au feu qui sert là bas aux ames de torture,
Payra ses courts plaisirs d’eternelles douleurs.

Car le Seigneur est juste autant que debonnaire,
Et sa saincte equité paye à tous le salaire
Que meritent leurs faits soient cogneus soient cachez :
Encor que moins enclin aux peines qu’à la grace
Tous les jours sa bonté nos merites surpasse,
Et jamais sa rigueur n’egale nos pechez.


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CANTIQUE
DONT L’ARGUMENT EST PRIS DU XX. PSEAUME

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Les biensfaits que ta grace espand sur nostre roy,
Seigneur, l’obligent bien à s’esjouïr en toy,
Comme en l’unique autheur de sa saincte allegresse,
Car toy seul en ses maux as esté son support,