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Et ce feu dont l’ame est éprise,
Ne le cognoissent nullement,
Ou le cognoissent seulement,
Comme on cognoist ce qu’on méprise.
Le soing de leur jeune fierté,
C’est de garder leur liberté,
S’orner de beautez perdurables,
Nourrir de vertueux desirs,
S’esbattre en des chastes plaisirs,
Et sans aymer se rendre aymables.
Avec ces armes et ces arts,
Leurs esprits surmontent les dards
De ce tyran qui tout surmonte :
Et jettant sa puissance à bas,
Font que la fin de leurs combats,
C’est tousjours sa fuitte, et sa honte.
Le sort donc les guidant icy,
Où tout se range à sa mercy,
Elles luy declarent la guerre,
Afin de faire voir aux dieux,
Que ce qui les vainc dans les cieux,
Des nymphes le battent en terre.
Car on les verra le dompter,
Et puis soubs vos pieds en jetter,
Les traicts empoisonnez de charmes,
Pour marque, ô Cesar des Cesars,
Qu’Amour aussi bien comme Mars,
Vous voit triompher de ses armes.
Un seul mal repugne à leurs vœux,
C’est qu’il prend vie és mesmes feux,
Dont sans fin leur regard éclaire :
Et que la beauté l’animant,
Leurs yeux vont eux-mesmes armant
Celuy qu’elles veulent desfaire.
Car pour luy donner le trespas,
Il leur faudroit priver d’appas