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STANCES

Non, je n’ignore plus que vers ce beau visage,
Nul n’y va curieux, qui n’en revienne amant.
Maudit soit le sçavoir puis que l’apprentissage
À mon cœur embrazé couste si cherement.
Mais pourquoy dis-je mal de ceste cognoissance,
Qui douce a mon tourment en gloire converty ?
L’amour ne me doit pas pardonner ceste offence,
Si je ne me repens de m’estre repenty.
C’est ores, mais trop tard, que mes peines secrettes,
Démentent en effect tant de vaines raisons,
Puis que tous ses regards sont autant de conquestes,
Et que tous mes efforts sont autant de prisons.
Je juray vainement de me pouvoir defendre,
Et tasche encor en vain de me pouvoir sauver :
Car elle a trop bien sceu le moyen de me prendre,
Pour ignorer celuy de me bien conserver.
Maintenant je promets de respandre à ma flame,
Un deluge de pleurs, ne pouvant faire mieux,
Et si je suis menteur au despens de mon ame,
Je seray veritable aux despens de mes yeux.
Que donc le chastiment soit digne de l’offence,
Mes yeux, pleurez beaucoup, vous avez beaucoup veu,
Et maintenant dans l’eau faictes la penitence,
Puis que vous avez faict le peché dans le feu.

POUR DES NYMPHES

Ces nymphes hostesses des bois,
Bravant les amoureuses loix,