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Or s’en alloient partir ces nymphes assemblees,
Tout d’aise et d’espoir diversement comblees,
Pour voller au sejour des rois favorisé
Où le nom resolu devoit estre imposé
À ce royal enfant, l’esperance du monde,
Par l’eslite des grands dont l’Europe est feconde :
Quand un noble debat entre-elle s’émouvant,
Retint encor leur vol de passer plus avant :
Quoy qu’un ardant desir de voir l’illustre enfance
De cet astre naissant qui doit luire à la France,
Pressast leur departie, et que de tous costez
Les sacrez ornements pour cet œuvre apprestez,
Les princes, le roy mesme, et les dames parees
D’habits d’où s’éclattoient mille flames dorees,
Et tout Fontaine-Bleau pompeux en ses palais,
Semblassent s’offencer des plus justes delais.
Mais ayant ordonné le monarque celeste,
Que celle des vertus qui passeroit le reste
En ce qui rend un prince heureux et florissant,
Consacreroit son nom à ce nouveau croissant ;
Quand l’un des saincts courriers qui gallopent des ailles
Vint à les exhorter d’en consulter entre-elles,
Et pourquoy, dit Andrie, entre nous consulter
D’un poinct dont seulement on ne doit pas douter ?
C’est à moy, c’est à moy, qu’appartient ceste gloire :
Car quelle autre que nous orne plus la memoire
D’un magnanime prince, ou maintient mieux que moy
La majesté d’un sceptre en la main d’un grand roy
C’est moy qui rends son nom reluisant de loüanges :
C’est moy qui le fais craindre és provinces estranges
Et qui par la terreur de son bras redouté
Retiens l’ardant desir dont se verroit tenté
L’ambitieux esprit des tyrans de la terre,
D’épandre sur ses champs les malheurs de la guerre ;