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Et qui par les effets rende un jour tesmoignage
Qu’il servoit au futur de fidelle presage,
Et dedans un seul mot se voyoit contenir
Le prophete discours de ses faits à venir.
Allez, assemblez moy de toutes les provinces
Les plus rares vertus, et plus dignes des princes,
Qui se puissent loger dans les esprits humains
Destinez pour porter des sceptres en leurs mains.
Dites leur qu’il me plaist qu’elles soient ses marrines,
Et que versant sur luy des eaux toutes divines,
Celle de leur troupeau de qui les sainctes loix
Sont plus dignes de vivre en l’ame des grands rois,
Luy departe son nom, et desormais l’inspire
Comme l’unique espoir de tout un grand empire,
À qui par mes decrets nul terme n’est prefix,
Et dont j’ayme le pere, et veux cherir le fils.
Je voy desja la Thrace, et les ondes Aegees
Avoir peur d’estre un jour sous ses armes rangees,
Et le croissant doré qui se croit sans pareil,
Pallir devant les rais de ce nouveau soleil.
C’est au plus grands vaisseaux, comme aux princes des flottes,
Qu’il faut de plus experts et plus sages pilotes :
J’ay soin des grands estats : et moy qui luy promets
Un sceptre plus puissant qu’aucun ne l’eut jamais :
Moy qui dois tout courber sous son obeissance,
Je veux que ses vertus égallent sa puissance :
Et feray qu’ainsi soit : j’en prends les quatre coings
De la terre et du ciel pour fidelles tesmoings.
Comme il eut dit ces mots, soudain la troupe ailee
Vers les champs d’icy bas estendit sa vollee,
Et partant comme un trait de la main d’un archer,
Celuy qui s’imposa le labeur de chercher
La magnanime Andrie au milieu des idoles
Qui contre-font son port, sa mine, et ses paroles,
La trouva sur le point qu’aux mortels se celant,
Elle alloit enjamber un grand coursier vollant,