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SUR FIGURES JARDIN FONTAINEBLEAU

Toy qui vis affamé de voir un bel ouvrage,
Assouvy maintenant ta genereuse faim,
Voicy les plus beaux traits dont le cizeau romain,
Ou la fonte gergeoise ait orné le vieil âge.
Là, de Laocoon la douloureuse rage
Fait pleindre le metal par un art plus qu’humain :
Icy gist Cleopatre : ô qu’une docte main
A vivement portrait la mort en son visage.
Là, Diane chemine : icy le Tybre ondeux
Verse des flots de bronze, arrestant aupres d’eux
Le passant transformé de merveille en statuë.
Aussi raviroient-ils l’esprit le plus brutal,
Et qui n’est point émeu d’une si rare veuë,
Il est certes comme eux de marbre ou de metal.

AU ROY

Quand ces beaux promenoirs, nourriciers des pensees
Quand ces surgeons d’eau vive, et ces bois toujours verds,
Ne rappelleroient point au labeur des beaux vers
Les ames qu’Apollon a long temps exercees,
Les faveurs dont on voit les muses caressees
Par le plus digne roy qui vive en l’univers,
Y pourroient renflamer ceux de qui cent hyvers
Rendroyent le corps perclus et les veines glacees.
Ô