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Assez vous ont acquis dequoy vivre en l’histoire.
Les monts de ce duché superbement bossu,
Où maint sage dessein par vous mesmes tissu
Nous a donné la paix non moins que la victoire.
Assez vostre merite enrichy de tant d’heur
Vous fait outrepasser vos ayeuls en grandeur,
Quelque fameux laurier qui leur ceigne les testes :
Vous estes leur honneur, non eux vostre ornement :
Et faut pour vous loüer raconter seulement
Non ce qu’ils ont esté, mais cela que vous estes.

A M. DE BETHUNE

Allez, belle ame, allez : poursuivez de gravir
Sur le roch où s’acquiert un honneur perdurable,
Et de tendre à ce bien justement desirable
Dont jamais un grand cœur ne se doit assouvir.
Rome plus que l’Escoce est digne de servir
De theatre aux vertus qui vous rendent aymable,
Pour vous ceindre le front d’un laurier memorable
Que nuls siecles futurs ne vous puissent ravir.
Bien qu’il nous soit amer de perdre vostre veuë,
L’honneur dont vostre charge est dignement pourveuë
Nous rend ce desplaisir plein de contentement.
L’amitié fait ailleurs desirer la presence,
Mais au contraire icy, vous aymer ardamment
Nous fait avec ardeur souhaitter vostre absence.